A l’heure où la guerre commerciale menace entre les États-Unis et la Chine, mais aussi avec le reste du monde, il est utile de rappeler une nouvelle fois le pourquoi de l’intelligence économique… Qu’est-ce que l’intelligence économique (IE) ? Une culture, des savoir-faire et une politique publique permettant d’améliorer la performance globale des entreprises et d’attirer des devises et des emplois sur notre sol.

Est-ce à dire que la pratiquer suppose d’accepter que la guerre économique existe et qu’il est utile de promouvoir le patriotisme économique ? Oui, dans la mesure où l’on ne confond pas le patriotisme économique avec le nationalisme industriel et financier, avec l’autarcie ou avec un protectionnisme étroit. Ce qui compte dans les échanges, c’est la réciprocité : on peut faire preuve d’ouverture de façon mutuellement avantageuse lorsque l’on possède des spécialités difficilement reproductibles et que ses partenaires accueillent également les investissements étrangers et les firmes venues d’autres pays.

Comment promouvoir et améliorer l’intelligence économique en France ?

La question reste toujours posée ! Même si la notion a progressé en vingt ans, elle demeure une discipline de pionnier. Elle est encore faiblement reconnue dans les organisations. Pour la diffuser, il faut parvenir à en vulgariser les enjeux. Tous les livres, articles de presse sérieux (et non ceux qui se vautrent dans l’amalgame et assimilent les praticiens de l’IE à des « barbouzes ») documentaires, séries TV ou films qui en laissent apercevoir quelques buts et outils permettent de faire progresser le sujet. A titre personnel, c’est la raison pour laquelle j’ai rédigé L’intelligence économique pour les nuls (First) : je souhaitais faire connaître l’IE en dehors des frontières du microcosme de la petite communauté qui s’y intéresse.

Pourquoi étudier l’intelligence économique ?

Trouver un emploi avec un diplôme en IE constitue un vrai défi, on ne peut pas le nier : il vaut mieux disposer d’une première spécialité (droit, gestion, marketing, etc.), passer par un troisième cycle en intelligence économique, ou même attendre quelques années, c’est-à-dire vivre ses premières expériences professionnelles, puis entreprendre un cursus en IE dans le cadre de la formation continue. Pour prendre un exemple, l’IFET (l’Institut pour la formation des élus territoriaux), adossé à l’ADF (Assemblée des départements de France), permet à des élus locaux, des cadres d’entreprises et des officiers de gendarmerie, d’acquérir une réelle expertise en intelligence économique et sûreté des entreprises. Il serait utile également que les écoles de commerce familiarisent plus largement leurs étudiants avec les questions d’IE.

Quels sont les liens entre l’IE et le renseignement ?

L’intelligence économique s’enracine dans les méthodes d’analyse de l’univers du renseignement, mais s’exerce dans un cadre légal : elle n’est donc pas assimilable à l’espionnage perçu comme le règne de l’action clandestine.

Comment introduire l’IE dans les entreprises, en particulier les PME ?

Les démarches trop ambitieuses pour définir et installer du jour au lendemain une vaste politique d’intelligence économique au sein d’une entreprise sont globalement vouées à l’échec… Il convient de procéder étape par étape. Généralement, c’est une crise majeure ou une problématique précise qui autorisent la naissance d’actions d’IE. La protection d’informations stratégiques ou d’une innovation constituent une excellente amorce : elle impose en effet une feuille de route en matière de sûreté qu’il faut souvent considérer comme le socle d’une culture de l’intelligence économique. Cette dernière peut ensuite devenir l’instrument de la recherche de compétitivité. Le résultat final à atteindre est que l’IE s’affirme comme un outil indispensable de l’élaboration de la stratégie de l’entreprise.