La crise révèle les déséquilibres que doit aujourd’hui affronter le développement économique de l’Europe. Handicapés par leurs dettes publiques, les pays de l’Union peinent par ailleurs à faire face à la concurrence des pays « émergents ». L’économie de la connaissance ne suffira pas à préserver les intérêts technologiques et commerciaux des pays « occidentaux ».

En tout état de cause, notre pays se montre trop réceptif aux discours simplistes sur la fin de l’ère industrielle et le découplage politique/économie. Si l’Etat actionnaire a sans aucun doute vécu, si le protectionnisme de principe et le « nationalisme économique » apparaissent indiscutablement dangereux et inadaptés aux défis auxquels nous sommes confrontés, il semble tout aussi imprudent de ne pas comprendre que la « connivence » public/privé constitue le cœur d’une économie compétitive.

Le corollaire de cette idée est qu’il existe des périmètres stratégiques au cœur de l’activité industrielle d’une nation. Il est utile à la collectivité que ces derniers fonctionnent alors en observant des règles dérogatoires. Toutefois, dans un monde aux frontières poreuses, les « secteurs stratégiques » ne peuvent plus former uniquement une liste statique à la Prévert. L’Etat peut légitimement élaborer un système d’intervention ad hoc pour imposer un cadre particulier en tant que de besoin.

En résumé, il importe d’être plus ferme dans la conviction que nous devons rendre de nouveau légitime, dans les esprits, l’idée de souveraineté industrielle… Non pas celle de « souverainisme » industriel, ce qui n’a économiquement et politiquement aucun sens ! Il ne s’agit pas de s’isoler du reste du monde, mais de promouvoir la réciprocité des comportements économiques.